La France et l’Europe plus généralement ont toujours été à la pointe de l’aviation militaire. En effet, à la suite de la Seconde Guerre Mondiale, le marché de l’aéronautique a connu un essor sans précédent. Jamais les pays n’auraient imaginé que l’espace aérien aurait eu une telle importance dans une guerre. Ils se sont donc investis plus que jamais dans ce secteur très prometteur. L’objectif étant d’être le premier à développer les technologies pour pouvoir dominer les autres. Le 4 juillet 1986, le premier Rafale effectue un vol de test. C’est l’un des premiers projets d’avion de chasse qui est prévu pour durer plus d’une trentaine d’années. S’en suit une course au développement durant laquelle on voit apparaître un nouveau type de coalition : la création de projets internationaux. Le premier exemple très parlant est celui de l’Eurofighter Typhoon, coalition de l’Allemagne, Royaume-Uni, Espagne et Italie. Il effectuera son premier vol le 27 mars 1994.
Or quand on regarde aujourd’hui, les avions de chasse que nous utilisons sont toujours les mêmes. En effet, nous continuons encore aujourd’hui à améliorer nos deux modèles principaux en Europe : le Rafale et l’Eurofighter. Mais le problème, c’est qu’il faut parfois tout revoir à partir de zéro quand on veut repousser les limites du possible, car la base est peut-être devenue « obsolète ». Viens alors le problème financier. En effet, ce sont des domaines qui coûtent très cher, car ils nécessitent l’intervention de beaucoup de monde sur des durées très importantes. C’est pourquoi le lundi 30 aout 2021, l’Allemagne, la France et l’Espagne ont signé un accord intergouvernemental prévoyant le financement d’un prototype de New Generation Fighter (NGF). C’est un projet de chasseur qui se veut le remplaçant des deux chasseurs actuels lors de leur mise hors service à partir de 2040 jusqu’à 2060. Mais comment en est-on arrivé là?
Depuis 2017, ces trois pays développent un programme encore plus vaste : le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF). Il ne s’agit pas seulement de produire un chasseur, mais il s’agit de réinventer complètement les systèmes de combat aériens, d’où son nom.
Ce projet est constitué de 3 ensembles (illustrés ci-dessous) :
- Au centre (en rouge), le NGF, axe principal et enjeu majeur de la modernisation de l’armement militaire. Futur remplaçant du Rafale et de l’Eurofighter. Un chasseur de nouvelle génération, plus performant, plus rapide, plus discret, plus endurant : bref, plus moderne.
- Ensuite (en bleu), le NGWS pour « New Generation Weapon System », englobant le NGF et ajoutant les « remote carriers » (illustré ci-dessous) et le cloud de combat. Le remote carrier sera un nouveau type d’arme, mi-drone mi-avion, qui prendra différents formats. L’objectif sera du brouillage, à l’espionnage, en passant par l’assistance aux NGF via la fonction de leur ou encore l’aspect missile pour la destruction de bases ou armes ennemies. Quant au cloud de combat, il s’agit d’un terme qui reg
roupe toute la modernisation des système numériques militaires. Cela va de l’aide au pilotage, le guidage de missile, le cryptage de transmissions, l’espionnage etc... Il faut revoir absolument tous les systèmes numériques pour qu’ils suivent l’avancée des engins qu’il assiste.
- Puis le SCAF (en vert), ensemble général, regroupant les précédents et ajoutant la modernisation de toutes les autres capacités nationales déjà existantes du ravitaillement à la reconnaissance, en passant par les systèmes de commandement jusqu’au satellites. Ainsi, il y aura des SCAF et non un seul. Les pays vont donc coopérer pour construire le cœur de chacun des SCAF nationaux. Simplement, ceux-ci seront interopérables et les dispositifs de bases seront les même (regroupés dans le sous-ensemble précédent).
Vous l’aurez compris, il s’agit de moderniser absolument tous les aspects de l’aéronautique militaire. L’un des plus grands défis va être celui de la modernisation constante : rien ne va être « fini » avant 2040. En effet, l’avancée spectaculaire de la technologie à l’heure actuelle pose le problème suivant : si l’on cesse de développer un point, il risque en 2040 de se faire surpasser par d’autres systèmes. Il va donc s’agir de développer constamment et avec un regarde futuriste le combat aérien de demain.
Mais ce projet est très important d’un point de vue économique, social et politique. En effet, un tel projet de collaboration est basé sur la répartition des tâches. Les pays sont assignés à des tâches à accomplir. Mais pour ne pas créer de différent politique, un pays n’aura pas l’exclusivité d’un pôle. C’est-à-dire qu’un « leader » de projet est désigné, mais que celui-ci reste assisté par les autres entreprises des autres pays. Ainsi, chacun des pays veut obtenir le plus de responsabilités possibles, pour favoriser le développement de ses entreprises et donc de son économie mais aussi pour affirmer un peu plus sa place sur le plan politique mondial.
A l’heure actuelle, le SCAF se décomposera en 7 piliers (illustrés ci-dessous), chacun sous la maitrise d’œuvre d’une société seulement (tout de même assistée par d’autres). Les sociétés principales sont Dassault Aviation (France), Airbus Defence and Space (Allemagne), et Indra (Espagne). La répartition est la suivante : Dassault s’occupera du NGF et de la cohérence inter-piliers (« simlab »), Eumet (société en collaboration avec toutes les entreprises) du moteur, Airbus D&S le cloud de combat et les remote carriers, Airbus Espagne des technologies de furtivité, Indra des capteurs.
En conclusion, un tel projet représente l’avenir de la souveraineté européenne. S’il est mené a bien, la France, l’Espagne et l’Allemagne pourront garder leur place majeure dans la politique internationale, auront formé une alliance et une coopération indispensable, et leur économie et industrie sortirons plus puissantes encore. Mais un projet de coopération est très délicat sur le plan politique, et il est donc amené à évoluer afin de contenter tous les acteurs. Quoi qu’il en soit, ce projet est très nettement destiné à montrer au monde que l’Europe est et demeurera une puissance majeure dans le contexte géopolitique contemporain et futur.
Par DEJEAN Grégoire, pour le site « A ciel Ouvert » (01/2022)
CREDITS PHOTOS
Photo 1 : http://www.senat.fr/rap/r19-642/r19-642_mono.html#toc279 (modifié par le site « à ciel ouvert »)
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
- Rapport du Sénat et description complète du projet (légèrement datée) : http://www.senat.fr/rap/r19-642/r19-642_mono.html#toc279 (majoritairement)
- Dernières actualités par un journal de grande audience :
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