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Photo du rédacteurJulien FLANDRIN

L'évolution rapproche les Hommes

Une sonnerie stridente retenti. L’homme se lève. La phase de repos est terminée : les batteries sont rechargées. Il doit se purifier à l’aide d’une solution aqueuse avant de revêtir sa combinaison de tissus. L’homme habite à la limite de la mégapole, il doit donc monter dans l’engin de fer souterrain pour y parvenir, le trajet dure un tour de cadran et l’engin est plein à craquer. L’homme est arrivé. Un nouveau soleil est apparu pendant qu’il était sous terre.


Lui et ses semblables convergent vers leurs zones respectives. Les zones sont généralement d’immense structure divisée en compartiments, chacun optimisé pour absorber le bon type d’énergie. Ils y restent quatre tours de cadran, durant lesquels les machines pompent et transforment leur énergie. Ils se rechargent ensuite pendant un tour de cadran à l’aide de sources de régénérescences. Ceci afin de pouvoir fournir plus d’énergie à leur zone. Durant cet instant, il leur est accordé le droit de se réhumaniser avant de redevenir une source d’énergie à exploiter.


Muni d’un rayon laser, l’homme tire avec sur les blocs de traits de chaque boite et vérifie que le semblable en face de lui possède assez de chiffres imaginaires. Sa zone le place dans l’obligation de communiquer avec ses semblables mais il peut se contenter répéter des intonations similaires à chaque nouvel individu face à lui.


Une fois leur productivité épuisée, ces humains peuvent repartir vers l’engin métallique qui les ramène dans leur propre cube. Mais avant ça, certains passent dans d’autres grands cubes afin d’échanger diverses boites contenant des morceaux d’énergie contre des bouts de papier ou des chiffres imaginaires que les maitres de zone leurs donnent généreusement en échange de l’énergie qu’ils ont dépensée.


L’homme est de retour dans son cube. Son cube n’est pas très grand, mais il n’a pas le choix. Il aimerait en obtenir un plus grand mais un déshumanisé lui indique qu’il n’a pas assez de chiffres imaginaires. L’homme a donné son énergie durant les cinq derniers soleils, il a gagné le droit de rester dans son cube pendant quarante-huit tours de cadran. C’est le moment durant lequel il est supposé être complétement libre.


L’homme aimerait passer ce temps avec certains de ses congénères, mais il est difficile pour lui de communiquer avec eux à cause de certaines règles implicites. Il s’interdit de les approcher si un contact antérieur n’a pas été établi. Pourtant, il aimerait se solidariser avec une de ses semblables et ainsi pouvoir partager un meilleur cube avec celle-ci. Ils pourraient même peut-être mélanger leur anatomie et permettre à la mégapole d’obtenir une future source d’énergie supplémentaire.


Mais les règles implicites de communication et les chiffres imaginaires l’empêchent d’accéder à cette étape de vie. Au lieu de cela, l’homme tient dans sa main un pot de forme étrange. De son ouverture s’écoule du liquide déformant la réalité. Lorsqu’il en ingère, le monde n’est plus son ennemi et ses frustrations se dissipent. Alors, son corps en réclame à chaque fois qu’il est de retour dans son cube et souffre lorsqu’il ne peut pas le contenter.


Heureusement dans son cube il y a le déshumanisé qui l’aide à savoir comment penser et occupe les tours de cadrant où l’homme ne donne pas son énergie. Le déshumanisé parvient à le projeter dans d’autres réalités dans lesquels il peut faire semblant d’être autre chose qu’une source d’énergie. Désormais, l’homme peut même avoir un petit déshumanisé constamment avec lui. Il ne pense plus par lui-même sans le consulter avant. Le petit déshumanisé lui permet de faire semblant de ne pas être seul lorsque les règles implicites l’empêchent de communiquer avec ses semblables.


Par une ouverture de son cube, l’homme peut apercevoir des engins métalliques capable de soulever de nombreuses enveloppes corporelles afin de les acheminer vers des milieux plus propices à leur épanouissement. Il aimerait se trouver parmi elles mais il sait qu’il ne possède pas assez de chiffres imaginaires. Les humains sont tous égaux mais seuls certains ont le droit d’accéder à ces milieux. Il devra donc se contenter de se faire pomper son énergie afin de pouvoir garder son cube.


Le déshumanisé vient d’indiquer à l’homme qu’un homme supérieur l’a changé de zone. Il ne devra plus tirer sur des boites avec un laser mais il surveillera maintenant d’autres déshumanisés tirant des laser à sa place. Avant ça, il devra cependant apprendre comment les surveiller auprès d’autres hommes supérieurs. L’homme déteste sa zone. Il est cependant satisfait de pouvoir y rester car il aurait pu perdre y son compartiment et aurait probablement dû vivre avec les « sans-cube ». C’est ce qui arrive à certains, qui doivent alors vivre sans être protéger des aléas du monde extérieur au cube. Heureusement pour eux, il existe l’aiguille à bonheur qui leurs permet de se transporter dans une réalité différente de celle des hommes répondant aux normes habituelles.


L’homme, lui a assez de chiffres imaginaires pour garder son cube et se procurer du liquide à meilleure réalité, il lui en reste même un peu après tout ça. Il décide alors de les transformer en morceaux de papier. Il sort de son cube. Par chance, son cube est situé à proximité de certains « sans-cube ». Il en choisit une en passant outre les règles implicites de communication. Il sait qu’il peut ne pas les appliquer avec elle. L’homme profite qu’elle ait besoin de chiffres imaginaires transformés pour lui proposer des morceaux de papier en échange de la clé du sanctuaire de son anatomie. La femme n’a pas le choix. Si elle veut vivre, elle a besoin de ce que l’homme lui propose. Elle lui offre alors ce qu’il veut. Cet échange permet à l’homme de se libérer de ses frustrations liées à sa zone et à son envie de faire partie des humains supérieurs. Ce même échange représente pour la femme le moyen de rester en vie un peu plus longtemps. Elle accumule des frustrations liées à son envie de faire partie d’une zone et d’être à la place de l’homme. Ainsi, le soir, lorsque le ciel pleure, elle ne peut que le copier.


Après ces quarante-huit tours de cadran, l’homme est de retour dans l’engin métallique qui l’emmène à nouveau vers sa zone.


Cinq nouveaux soleils soit cent vingt tours de cadran durant lesquels il offre son énergie. Deux nouveaux soleils soit 48 tours de cadran où il peut quand il veut regarder le déshumanisé et ingérer du liquide à meilleure réalité.

L’homme est programmé.
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