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Photo du rédacteurMathilde DALMAU

Ingénieur, un métier d’hommes ?

Alors que la population française est davantage féminine, lorsqu’on s’intéresse au domaine scientifique et technique ou plus précisément de l’ingénierie, les femmes ne représentent plus que 20% des ingénieurs.


    Effectivement, on retrouve très peu de femmes ingénieures dans les formations d’ingénieurs ou bien dans les entreprises. De plus, presque la moitié de ces femmes se regroupe dans les spécialités biologiques et environnementales rendant les autres spécialités encore plus masculines.


        Cependant de nombreuses actions sont faites pour contrebalancer cette répartition des genres. On peut par exemple citer en plus des campagnes de communication et de sensibilisation nationales, l’état qui pousse les entreprises à embaucher des femmes. Mais on compte aussi de nombreuses associations comme FI (l’association des femmes ingénieures) ou bien Elles bougent qui ont toutes pour but d’attirer les jeunes femmes dans ce domaine. Toutes ces actions n’existent, bien sûr, pas pour les hommes ingénieurs.


        Etant, moi-même, étudiante en école d’ingénieur et donc touchée par cette réalité, je me permets de réfléchir sur celle-ci. A l’aide de mon expérience et du témoignage de Michèle B, consultante et responsable projet International chez Continental, marraine de Elles Bougent depuis 4 ans; je me permets alors de réfléchir à pourquoi les femmes auraient-elles besoin d’une aide extérieure pour être attirer par ces métiers ?


Un désintérêt, manque de confiance en soi ou méconnaissance du domaine ?


      Les femmes ne se dirigent pas vers les sciences techniques parce que, éventuellement, cela ne les intéresse pas. Cependant, si ce désintérêt existe, cela ne peut pas avoir pour cause la génétique mais plutôt la société.


« Si les filles et les garçons étaient élevés de la même manière, il y aurait autant de femmes que d’hommes ingénieurs. » pense Michèle B.


       Dans une grande partie des familles françaises, depuis l’enfance, une fille va être élevée différemment qu’un garçon que ce soit volontaire ou inconscient de la part des parents. Il suffit de comparer les différents jouets pour s’en rendre compte. Pour généraliser et accentuer les faits, les filles ont des poupées, une poussette et une dînette et les garçons ont des voitures, des robots et des Lego. Michèle B. dit même que : « même si les filles commencent à jouer aux Lego, les vendeurs les adaptent pour retomber dans les stéréotypes par exemple en faisant une collection cuisine ou alors des Lego en tons pastel créant un véritable conditionnement, un formatage ». Dans ces conditions, c’est totalement naturel qu’une fille finisse par se diriger plus tard vers le social et le garçon vers les sciences techniques.


       D’un autre côté, alors que cette forme de sexisme évolue et disparait petit à petit, la féminisation des formations d’ingénierie stagne depuis 2013 après avoir bien augmentée. Donc ce conditionnement social n’est pas la seule raison de l’absence des ingénieures. Enfaite, je pense que ce conditionnement a créé une imparité qui, elle, engendre un manque de modèles et des préjugés.


         Les stéréotypes ont deux principaux effets. Le premier étant de pousser les femmes vers le social ou même la biologie car selon ces préjugés, cela intéresse plus les femmes. Michèle B. témoigne que : la plupart de ses collègues femmes ont une personne dans leur entourage qui était dans la technique et qui leur a permis d’éveiller une certaine curiosité. Elle explique aussi que son environnement, son contexte de vie a beaucoup influencé sa voie. Si son père et ses frères n’avaient pas été bricoleurs mais bureaucrates, par exemple, elle serait surement passée à côté de la curiosité du fonctionnement des objets.


        Cet effet est confirmé par mon expérience, en effet lorsque j’ai eu le choix entre terminale S science de la vie et de la terre (SVT) ou bien science de l’ingénieur (SI), mon entourage fut étonné que je choisisse cette filière masculine. De plus mes amies qui étaient dans la même situation ont choisi la filière SVT sans trop hésiter car ce choix était plus évident selon elles. Elles ne se sont donc pas intéressées d’elles-mêmes aux sciences techniques et donc ne peuvent pas réellement savoir si ça leur plait ou non. Comme dit Michèle B. « sans le toucher, sans l’approcher tu ne peux pas avoir de jugements ».


      Le second effet des stéréotypes serait la pression causée par la peur de confirmer les préjugés en échouant dans ce domaine. Les femmes éviteraient de se lancer dans ce monde « masculin » car par exemple si elles font des maths et n’ont pas de bons résultats, cela pourrait confirmer les stéréotypes à ce sujet. Mais, dans ce cas on rentre dans un cercle vicieux car si le conditionnement disparait, les stéréotypes sont susceptibles eux de rester, et s’ils restent, ces femmes continueront d’éviter de se confronter aux sciences techniques.


         Il est aussi possible que certaines aient peur qu’étant entourées d’hommes elles puissent subir du harcèlement ou d'autres déboires d’un environnement machiste. Or, cela reste des aprioris car ces femmes ne connaissent pas encore ce milieu.


En quoi une association peut changer la donne ?


        On vient de voir que les problèmes persistants étaient le manque de confiance en soi des filles et la méconnaissance de la réalité du milieu. Les associations vont donc promouvoir l’ingénierie chez les jeunes filles pour irradier les conséquences des stéréotypes. A l’appui, les ingénieures bénévoles ont leur expérience mais aussi les témoignages de nombreuses entreprises qui cherchent des femmes. Ces entreprises prouvent que les femmes ont la même technicité que les hommes mais apportent une plus-value en ce qui concerne la rigueur, la curiosité intellectuelle, le relationnel et l’organisation. Ces arguments, en plus du fait que le monde du travail cherche à féminiser les domaines techniques et scientifiques, ne peuvent que leur redonner confiance. De plus, avoir le témoignage de femmes ingénieures montre qu’elles sont bien présentes dans ce milieu, malgré la persistance des stéréotypes.


       La féminisation de l’ingénierie a cessé de se poursuivre depuis 5 ans alors que certaines associations comme FI existe depuis les années 80. Est-ce que les associations ont un réel impact à la féminisation ?


« On ne peut pas savoir le poids réel des associations, répond Michèle B., mais à la fin d’une action Elles Bougent, j’ai plus l’impression d’être une gouttelette d’eau. »


      Pour résumer, le manque de femmes dans le domaine de l’ingénierie est dû au formatage et à l’environnement des jeunes filles. Nous ne pouvons pas confirmer l’utilité des associations qui ont pour but de promouvoir l’ingénierie au féminin cependant je suis d’accord avec Michèle B. :


« Malheureusement il est encore nécessaire d’aller informer les jeunes filles dans l’espoir d’ouvrir au moins une voie. »



crédit photo : Louise Dewailly

Bibliographie et vidéo humoristique relatives au sujet qui peut vous intéresser :

-IESF, « 29ème enquête IESF 2018 », 2018.

<https://www.alumni.enac.fr/global/gene/link.php?doc_id=518&fg=1>

-Fraiches, « Merci de m'avoir écouté - Elodie Arnauld », Facebook, 15/06/2019. <https://www.facebook.com/fraichesminutebuzz/videos/932052023793387/>

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