Antoine Marlio-Marette
Voici cinq faits peu connus sur le programme spatial soviétique :
Premier Fait :
En 1903, Constantin Tsiolkovsky, professeur de mathématiques, publia “L’exploration de l’univers à l’aide de machines à réaction”, la première grande étude sur les fusées, dans laquelle il développa les premières formules de base concernant le voyage spatial, telles que les vélocités nécessaires pour pouvoir rester en orbite et quitter la gravité terrestre, ainsi que les principes fondamentaux de la propulsion de fusées, le premier type de mouvement qui pourrait être réalisé dans l’espace. Toutefois, il aura fallu attendre les années 1920 pour que des scientifiques allemands se passionnent pour l’étude de Constantin Tsiolkovsky, puisqu’à l’époque, la société était convaincue que la propulsion par canon était la seule manière de voyager jusqu’à la Lune (comme on peut le constater dans Le voyage dans la Lune de Georges Méliès en 1902).
Deuxième Fait :
Certains évènements spatiaux soviétiques importants sont nés d’idées les plus étranges. Ainsi, il y a 60 ans, en 1961, la fusée qui envoya Yuri Gagarine a été confectionnée à partir des restes d’une fusée conçue pour placer des satellites militaires en orbite. Et aussi, la première station spatiale Saliout 1 de 1971 a initialement été conçue dans le cadre d’un projet visant à lancer une station de combat nucléaire en orbite.
Troisième Fait :
Sergueï Korolev, le concepteur en chef du programme spatial soviétique est considéré comme quelqu’un ayant eu plus d’influence que son homologue allemand Werner von Braun, père du programme spatial des Etats-Unis. Sergueï Korolev était concepteur d’avions doté d’un grand talent dans l’intégration de la conception, l’organisation et la planification stratégique. En 1938, il fut arrêté à tort et accusé d’être « membre d’une organisation contre-révolutionnaire antisoviétique », puis l’accusation s’est transformée en « saboteur de la technologie militaire ». Il fut alors torturé et emprisonné durant 6 années, souffrant de blessures à vie, jusqu’à ce que ses talents en tant que concepteur de fusées soient reconnus dans la prison de conception aérospatiale là où il avait conçu des fusées et des avions pour les Soviétiques au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Une fois sorti de prison, il développa en tant que concepteur en chef, la première génération de fusées basées sur les plans de la fusée V-2, qui permirent à Sputnik, Laïka et Yuri Gagarine d’être envoyés dans l’espace, tout comme le premier missile balistique. Ces fusées connurent un tel succès qu’elles sont d’ailleurs toujours utilisées de nos jours.
Quatrième Fait :
Baïkonour a été et est actuellement la principale installation de lancement de fusées pour les programmes spatiaux soviétiques et russes depuis 1955. Elle est située dans le désert du Kazakhstan près de la mer d’Aral, étant ainsi très éloignée de régions habitées afin d’éviter de causer des destructions et des victimes en cas d’accident au décollage. L’endroit fut tenu secret de la population et du Monde, y compris des Etats-Unis, jusqu’à ce qu’un avion espion américain le repère en 1957. Même le nom du site avait été intelligemment choisi pour tromper la population, puisqu’il se réfère à un village situé à 320 km du site de lancement. Baïkonour est également connu comme « le plus grand Cosmodrome au Monde », d’où toutes les missions spatiales soviétiques et russes sont parties. Le Cosmodrome était une ville à part entière, et à son apogée, durant les années 80, il accueillait 150 000 personnes, 52 pas de tirs, 34 laboratoires scientifique et 10 usines. En outre, il possédait son propre système agricole et était proche de 6 villes qui possédaient des cinémas, un des meilleurs hôpitaux de l’URSS, 13 écoles, plusieurs écoles spécialisées dans la musique, 3 palais de la culture, un palais des Jeunes Pionniers, ainsi que des stations balnéaires et des plages construites sur un lac artificiel. Les fusées étaient acheminées aux pas de tirs, par trains, depuis les différentes usines de l’URSS.
Cinquième Fait :
Dans une ultime tentative pour battre les Etats-Unis, après l’alunissage d’Apollo 11 en 1969, les Soviétiques mirent en orbite Saliout 1, la première station spatiale, en 1971 avec 3 cosmonautes à bord. Ce qui devait être un moment historique, car c’était la première mission habitée dans une station spatiale en orbite, tourna au cauchemar. En effet, après y avoir séjourné 3 semaines et réalisé diverses expériences et observations, les 3 héros retournèrent dans le module Soyouz 11, afin de retourner sur Terre. Malheureusement, quand le personnel au sol a ouvert l’écoutille après que le module a atterri en sécurité, il a trouvé les 3 cosmonautes sans vie. En fait, l’engin spatial avait souffert d’une dépressurisation qui fut fatale à l’équipage. En outre, à la fin des 6 premières missions réussies, ROSCOSMOS avait décidé d’enlever les combinaisons spatiales, considérées comme inutiles, lourdes et réduisant un espace précieux. Après l’accident, que ces combinaisons ont été réimplantées et leur port a été rendu obligatoire pour les cosmonautes pendant toutes les phases d’une mission où il y avait un risque de dépressurisation.
Crédits :
Interesting Engineering: https://interestingengineering.com/7-interesting-facts-about-soviet-russian-spacesuits
c'est toujours intéressant de relire l'histoire du programme spatial soviétique car durant ces années l'information n'était pas accessible pour tous bravo et bonne continuation